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Expo Sinceritate  |  Informations pratiquesCommuniqué de presse

"Pour moi, la peinture n'a pas été un métier, mais une compagne de vie exigeante, l'ami à qui j'ai confié mes pensées, mes sentiments, mes émotions. C'est pourquoi il m'a été difficile de lui changer le visage suivant les modes et les courants." - Calin Alupi.


Autoportrait de jeunesse

 


Portrait de Viorica, une oeuvre influencée par Nicolae Tonitza

 

 

 

 

 

 

L’expression sincère de l’émotion

Au début du XXème siècle, Bucarest est appelé « le petit Paris », et toute l’intelligentsia du pays parle couramment le français. L’impressionnisme français y est aussi en vogue et des artistes, comme Grigorescu et Andreescu, suivent les traces des peintres de Barbizon dans les années 1860. La peinture roumaine suit peu ou prou celle de Paris.
C’est dans ce contexte que Calin Alupi fait ses débuts sur la scène artistique. Camille Pissaro et Claude Monet sont ses peintres favoris car tous deux très proches de la nature dans laquelle il a passé son enfance. Si ses origines modestes ne lui permettent pas de faire le traditionnel voyage à Paris (qui était à l’époque pour les Roumains ce que le voyage à Rome était pour les Occidentaux), Alupi le vit par procuration, à travers l’enseignement de ses professeurs des Beaux-Arts de Jassy, où il entre en 1925. Son premier maître, Stefan Dimitrescu (1886-1933) fut élève au fameux atelier parisien de la Grande Chaumière. En tant que professeur, il était réputé pour son intransigeance sur le dessin, et Calin devient son étudiant préféré, justement pour ses dons naturels de dessinateur. Son second maître fut le coloriste Nicolae Tonitza (1886-1940). Il avait lui aussi vécu à Paris, entre 1909 et 1910, en plein épanouissement des volutes colorées de l’Art nouveau. On remarque d’ailleurs son influence dans les œuvres de Tonitza : cloisonnement de la forme, continuité des courbes, couleurs fraîches et franches… Sous son influence, Calin éclaircit sa palette et libère son style.

Après la mort de Tonitza, qui fut pour Alupi un véritable choc (« ce jour-là, j’eus l’impression que s’était effondrée une colonne dans un temple »), l’artiste poursuivra seul. Mais la fréquentation de Dimitrescu et Tonitza avait définitivement marqué le jeune artiste.


Dessinateur remarquable, ses tableaux se reconnaissent à leur touche précise et virile. Ses sujets, simples, toujours extraits de la réalité, sont évocateurs de sentiments. Ainsi, on l’a souvent caractérisé comme un maître du portrait « psychologique » : « Doté d’un sens aigu de l’observation, il s’impose dans les portraits comme un analyste pénétrant des physionomies, ne retenant sur la toile que les traits du visage sur lesquels la vie intérieure du modèle a le plus posé son empreinte. Les personnages apparaissent intériorisés, plongés dans un monde de pensées qui se dévoile à nous par la dynamique de la lumière, par les expression spiritualisées et douces des visages. » (Claudiu Paradais, La Rétrospective Calin Alupi, Flacara Iasului, n°9998, 23 novembre 1978).
De ses paysages authentiquement roumains émane une vitalité franche, soutenue par une étude de la lumière et une recherche sur la tonalité des couleurs. Le critique Aurel Leon insistera sur le vert : « Dès sa première exposition, je l’avais surnommé “poète du vert altruiste”, voulant mentionner ainsi sa capacité à « extorquer » le vert de tout ce qui peut l’exprimer, et à le moduler dans les gammes les plus variées. » (Aurel Leon, Exposition Calin Alupi à Trieste, Cronica, 23 janvier 1971.)
Il peignait vite et avait le don de communiquer l'émotion spontanée ressentie au contact du motif. Jamais il ne fut amateur de compositions complexes, élaborées en atelier, préférant toujours rendre l’authenticité du motif, et transmettre ainsi sans détours une affection particulière qu'il portait au monde des gens simples, un monde dont il était issu. Arbres, animaux, fleurs des champs, taudis délabrés… chez Alupi, tous ont une âme qui demande à être écoutée, car ce sont eux les plus sincères. C’est avec la même sincérité qu’il les a traités, attentif à ne pas les embellir artificiellement, à ne pas les « tromper », comme il disait. L’émotion artistique n'est rien d’autre pour Calin Alupi qu’un amour innocent, un sentiment de sympathie spontanée qui s’établissait au moment de la création entre l’artiste et son modèle.


 



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